Réfugié-e-s : l'aide internationale se resserre, l'ONU appelle l'Europe au secours

Wednesday, 14 February 2018

En janvier 2018, Donald Trump annonce que l'aide allouée par les États-Unis à l'agence de l'ONU en charge des réfugiés palestiniens (UNRWA) va être divisée par deux. Dans le même temps, des pays historiquement impliqués dans le processus d'intégration des réfugié-e-s se retirent de ce cadre global d'action. Dans ce contexte d'urgence humanitaire, l'ONU se tourne vers l'Europe.

Peu de temps après la réduction significative de la contribution américaine au budget de l'UNRWA décidée par Donald Trump, en fervent diplomate, la communauté internationale s'inquiète sur sa capacité à soutenir dans la durée les communautés opprimées. Alors que la décision de Donald Trump s'adresse indirectement à la communauté palestinienne, elle pourrait être lourde de conséquences pour la lutte internationale pour les réfugié-e-s.

Le haut-commissaire de l'UNRWA, Pierre Krähenbühl, livre ses inquiétudes sur les difficultés rencontrées sur le terrain dans un tel cas. L'agence de l'ONU procure des services quasi-étatiques aux plus de 5 millions de réfugié-e-s palestinien-ne-s dispersé-e-s dans la région du Moyen-Orient : écoles, hopitaux, services administratifs.. Par conséquent, la différence de participation d'un contributeur aussi important que les États-Unis aura un effet similaire à une restriction budgétaire au sein d'un État, c'est à dire une réduction de l'action collective, des aides, et un important ralentissement dans le fonctionnement de l'agence.

La décision américaine survient dans un contexte particulier, instaurant une sorte d'hostilité entre l'administration américaine et les pays de la région, dans la continuité de l'annonce du déplacement de l'ambassade des États-Unis en en Israël. Ainsi, alors que Trump durcit les relations avec l'autorité palestinienne, la question du financement et de l'action humanitaire de l'ONU sont remis en cause. Une décision étrange puisque que le consensus appelle à toujours traiter indépendemment les orientations politiques des États et la question de l'aide internationale.

Mais au-delà des tensions palestino-américaines, cette décision est représentative d'un mal plus profond, qui n'est pas une spécificité de l'UNRWA. Cette difficulté financière de l'ONU est à déplorer dans d'autres régions du monde, où la question des réfugié-e-s est également importante.

En Tanzanie, par exemple, le président Magufuli a décidé de se retirer du "cadre d'action global pour les réfugiés". Ce cadre international prévoit des actions globales pour les réfugié-e-s, notamment en s'appuyant sur des États relativement stables qui peuvent garantir un processus d'intégration des réfugié-e-s au sein de leur communauté. En Afrique, la Tanzanie tenait ce rôle depuis plus de 30 ans, avec notamment la région de Kigoma qui accueille le plus grand nombre de réfugié-e-s du Burundi et de République Démocratique du Congo. Les raisons invoquées par le gouvernement tanzanien sont, tout d'abord, la sécurité. Dernièrement, de nombreuses armes à feu ont été saisies au sein des groupes de migrant-e-s venant des pays cités précédemment. La seconde raison, plus globale, est le manque de moyens financiers pour continuer à assurer cette fonction d'intégration. En effet, le président reproche à la communauté internationale, et en particulier au Haut Commissariat aux Réfugiés de l'ONU, de ne pas avoir débloqué les fonds promis pour aider le pays dans ce processus.

Face à ces problématiques, il y a nécessité d'établir une nouvelle solidarité internationale. Le sort des réfugié-e-s concerne toutes les régions du monde, et des solutions internationales doivent être ensivagées. Si l'ONU n'a plus les cartes en main pour organiser et gérer cette coopération internationale, alors d'autres acteurs devront s'y atteler. L'Union européenne, par exemple, qui est à la fois l'un des contributeurs les plus importants à l'aide internationale, et une région très touchée par la crise des migrant-e-s, pourrait tenir ce rôle, pour une solidarité internationale renouvellée. C'est en tout cas ce qu'espèrent Pierre Krähenbühl et les instances de l'ONU en lancant une campagne d'appel aux dons intitulée « La dignité n'a pas de prix », et en faisant les yeux doux aux contributeurs européens.