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Communication: un challenge à relever pour l’UE

Un sondage européen de décembre 2007 révèle que "près de 5 Belges sur 10 estiment que les chaînes de télévision et de radio en Belgique ne couvrent pas suffisamment les informations sur l’Union européenne". Malgré un budget maintenant conséquent alloué à la communication de l’UE, la majorité des citoyens européens reste mal-informée, a le sentiment que les institutions communiquent peu avec eux, et se plaint que les médias nationaux ne diffusent pas assez d’informations européennes.

Indubitablement, l’UE a un problème d’image. Si les symptômes ont maintenant été identifiés (manque de personnification de l’UE, un système jugé trop complexe et trop lointain, sentiment que leur voix de citoyen ne compte pas, pas d’équivalence du système institutionnel européen au niveau national…) il s’agit à présent pour la nouvelle Commission de relever le challenge consistant à rapprocher les institutions des citoyens qu’elles sont censées représenter.

Dans ces conditions, comment communiquer sur des sujets importants, mais qui restent complexes. Quelle est la source de cette défaillance en communication ? Faut-il porter la faute sur les médias, la Commission européenne, les gouvernements nationaux ? Quel serait le meilleur canal de communication pour faire passer le courant (télévision, journaux, internet)?

L’heure n’est maintenant plus à trouver le responsable, mais à chercher des solutions innovantes et efficaces pour réduire ces carences en communication.

Esquisses de méthodes à adopter pour améliorer la communication

Comment transmettre les informations européennes au citoyen lambda, telle est la question phare et le point névralgique de la communication européenne.

Il existe bel et bien des sources d’information européennes ; dans les journaux télévisés, la presse écrite, les chaînes d’information européenne (Euronews par exemple, diffusé dans plusieurs langues) mais sont-elles vraiment consultées ?

Le sociologue néerlandais Abram de Swaan a lancé le concept de « vide européen » : des journaux papier très « respectables » tels que le Financial Times ainsi que de nombreux journaux online essaient d’informer et d’interroger au mieux le processus d’intégration européenne tels queEuropean Voice et Le Taurillon mais ces sites ont tendance à privilégier le point de vue bruxellois ou restent très élitistes.

« Et, surtout, cela reste marginal, peu développé ; ce n’est pas encore un réflexe qui verrait des millions de personnes de toutes langues et nationalités consulter chaque matin au petit déjeuner, ou fidèlement chaque soir leur forum européen favori pour suivre l’actualité européenne. »

Un des relais identifié pour toucher davantage les citoyens réside clairement dans les NTIC (Nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication). Les institutions européennes doivent dorénavant redoubler d’effort sur la toile pour attirer le plus grand nombre de citoyens européens. « L’exemple même en est la refonte du site internet du Parlement européen en 2005 et le lancement d’une télévision numérique sur le web. »

Pour combler les lacunes, certains médias ont vu le jour. Vous les connaissez probablement, c’est le cas notamment de Cafébabel, qui aborde des infos complexes sous un angle interactif, traduit dans de nombreuses langues européennes, par des bénévoles sympathisants du projet. Presseurop regroupe des articles choisis parmi de grands journaux européens, et les traduit en dix langues. Mais aussi, Agoravox– le journal rédigé par des internautes de toute l’Europe, New Europe et des médias online nationaux à visée européenne tels que Europe.bg pour la Bulgarie ou Toute l’Europe.eu pour la France.

Au-delà de leur vocation d’information, les TIC sont-elles à même de développer le dialogue entre les institutions et les citoyens ?

En effet l’Internet offre en théorie la possibilité d’atteindre le plus grand nombre de citoyens européens, et les jeunes tout particulièrement, pour diffuser un message. Ce vecteur à double sens permet aux institutions de transmettre leur production mais permet aussi l’interaction et le dialogue direct avec les citoyens. Toutefois, l’accès inégal à internet induit une sélection du public et des citoyens, mais en plus l’architecture complexe des sites officiels restreint l’information à un public expert.

Une autre piste à creuser sur internet serait d’utiliser davantage les sites de réseaux sociaux.

Inclure les citoyens et compter sur eux pour communiquer

Pour lui donner un caractère plus concret et rapprocher les institutions des citoyens, nombreux sont ceux à s’accorder (spécialistes de la Direction Générale Communication) sur l’importance de montrer aux citoyens l’incidence directe de l’UE dans leur quotidien. Souvenez-vous, c’est dans cette optique que le Parlement européen avait opté à l’occasion des dernières élections pour une nouvelle stratégie de communication, visant à faire prendre conscience au citoyen de l’influence de son vote sur la nature des décisions prises par les parlementaires nouvellement élus (article : Le Parlement dévoile sa stratégie de communication pour les élections européennes).

Dans cet élan, la Commissaire Viviane Reding, la Commissaire de la DG Justice, Droits de l’homme et Citoyenneté,  a proposé un recentrage sur le quotidien des citoyens européens Euroactiv.fr. D'après elle, les citoyens doivent clairement comprendre en quoi les politiques européennes tentent d’apporter des réponses à leurs préoccupations quotidiennes.

D’autres préconisent d’impliquer le grand public dans le débat et même pour aller plus loin, de compter sur les citoyens pour diffuser le message. L’idée étant de placer le citoyen au cœur de la communication. Effectivement, pour atteindre les citoyens européens, il s’agit pour les institutions d’être sur la même longueur d’onde. Quoi de mieux pour communiquer un message que d’impliquer le destinataire ? En naviguant sur le site de la Commission, vous trouverez en ligne l’ensemble des consultations proposées et discussions qui permettent à tout un chacun de donner son point de vue sur l’Europe. Dans cette optique, l’initiative citoyenne européenne offre la possibilité pour les citoyens de soumettre une proposition à la Commission.

Le citoyen européen vecteur de la communication, une disposition innovante en phase de balbutiement.

C’est ici qu’intervient le rôle de la société civile organisée pour sensibiliser les citoyens sur le terrain. « Les ONG d’envergure locale ou nationale peuvent développer de nouveaux outils de mobilisation et contribuer à déterminer les sujets qui feront débat. »

Flash Info : Un transfert à noter

Suite à la décision du président José Manuel Barroso de regrouper la communication et la citoyenneté ; l’unité Citoyenneté a quitté la DG Education et Culture pour passer sous le giron de la DG communication.

Il est intéressant de noter aussi que le nouveau portefeuille de la justice, droits fondamentaux et citoyenneté a été attribué à Mme Reding qui était en charge de la société de l'information de 2004 à 2009. [15]

M. Mairesse, Directeur DG Éducation et culture, a expliqué ce changement lors d’un rassemblement organisé en Octobre 2009 dans le cadre du dialogue entre les organisations de la société civile actives dans le domaine de la citoyenneté européenne active et la Commission. Etant donné la nature transversale du concept de citoyenneté, la nouvelle Commission avait décidé de regrouper au sein de la DG Justice, Droits Fondamentaux et Citoyenneté les politiques de promotion des droits fondamentaux et de la citoyenneté européenne active ainsi que de lutte contre les discriminations.

Ce transfert met en lumière l’importance des politiques de citoyenneté dans la stratégie de communication de la Commission européenne. Cette permutation soulève également la question de la pérennité du programme d’action communautaire géré par l’unité Citoyenneté « Europe pour les Citoyens ». Il vise à développer la conscience d'une identité européenne, fondée sur des valeurs, une histoire et une culture communes ; renforcer auprès des citoyens le sentiment qu'ils sont parties prenantes à l'Union européenne ; améliorer la tolérance et la compréhension mutuelle des citoyens européens en respectant et en promouvant la diversité culturelle et linguistique, tout en contribuant au dialogue interculturel. « La consistance du Plan D et de l’action Débat pour l’Europe sera renforcée par l’intégration des résultats de plusieurs années de projets participatifs développés par des organisations de la société civile grâce au soutien du Programme Europe pour les Citoyens.»