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Community organising à Bucarest

Bucarest est une ville très peuplée et dense qui, à l’instar de toutes les grandes métropoles, présente les symptômes classiques des « maladies » de la vie urbaine moderne, telles que l’aliénation et l’isolation sociale de ses habitants. Le CeRe a mis en œuvre une intervention dite « organisation communautaire » visant à stimuler la participation des citoyens au processus politique et créer un sentiment d’unité parmi les membres de la communauté.

La population bucarestoise s’affaire, plongée dans une économie instable, et lutte au quotidien pour gagner sa vie, fait des heures supplémentaires, reste bloquée dans des embouteillages et vit en appartement dans d’immenses immeubles. Cela n’est donc pas étonnant que dans un tel environnement les habitants s’isolent toujours plus les uns des autres, que le sentiment d’appartenance à une communauté leur soit étranger et qu’ils s’associent rarement autour d’une cause commune. Un sentiment de dérangement voire de colère peut surgir face aux chiens errants, au manque d’aires de stationnement et d’espaces verts, ou encore aux bâtiments désaffectés en plein cœur de la ville.

Néanmoins, ces sentiments disparaissent dans l’apathie et la méfiance. Les rares actions menées par les citoyens, par exemple pour éviter qu’un parc ne soit transformé en immeuble de bureaux ou pour exiger davantage de places de stationnement, sont malheureusement vouées à l’échec, de par la mauvaise organisation et l’absence totale de suivi. Par conséquent, entre l’intérêt économique des urbanistes et l’implication trop faible des citoyens, les gouvernements locaux ont tendance à oublier que leur mission consiste à garantir le développement durable de la ville, pour le bien-être de ses habitants et avec leur collaboration.

Le CeRe - Centre de Ressources pour la participation publique - une organisation non-gouvernementale qui assiste à la fois des ONG et des institutions publiques dans leur effort visant à inciter les citoyens à prendre part aux décisions publiques, a tenté à maintes reprises de s’associer avec des organisations basées à Bucarest dans l’espoir de renforcer la participation citoyenne dans la gestion de la ville. « Chaque fois, nous nous sommes retrouvés à travailler avec les mêmes ONG, certes professionnelles et avec pignon sur rue, mais sans réel contact avec la communauté. Nous ne sommes pas parvenus à trouver de véritables groupes dirigés par des citoyens, désireux d’agir de concert pour exiger des autorités le partage du pouvoir. »

C’est dans ce contexte que le CeRe a décidé d’essayer l’approche de « l’organisation communautaire », c’est-à-dire une intervention visant à stimuler un véritable militantisme et une participation des citoyens au processus politique. Le but de cette approche est de donner les pleins pouvoirs aux citoyens ordinaires pour leur permettre d’agir en groupes, de défendre leurs causes et leurs droits, de confronter les autorités publiques et de s’impliquer dans le développement de leur ville. À plus long terme, l'espoire est d'assister à un équilibrage de la répartition des pouvoirs, en d’autres termes que les citoyens aient davantage voix au chapitre en matière de prise de décision sur des questions qui les touchent, que de nouvelles voix s’élèvent dans le débat public et enfin qu’un sentiment d’unité se crée parmi les membres de la communauté.

Le Projet

L'organisation a commencé son travail d’organisation de la communauté dans deux quartiers de Bucarest. Plus de 100 entretiens ont été menés dans chaque quartier. Des organisateurs de communauté formés sont allés frapper aux portes des citoyens et ont discuté individuellement avec eux, à l’écoute de leurs opinions sur les problèmes touchant le quartier et en essayant d’identifier des dirigeants potentiels, en d’autres termes des personnes susceptibles d’agir contre les problèmes communautaires. Près de vingt « dirigeants potentiels » ont été identifiés dans chacun des deux quartiers, tout comme une longue liste de problèmes. À l’heure actuelle, les organisateurs sont en train de rendre une deuxième visite aux chefs, dans le but de les motiver et de les inciter à agir. La prochaine étape sera l’organisation de petites réunions avec 2 à 4 dirigeants suivies d’un plus grand rassemblement avec l’ensemble des leaders identifiés. Au cours de cette rencontre se déroulera également une rencontre de quartier. Le plus gros défi à relever pour les organisateurs à ce moment-là sera de faire en sorte que les chefs locaux planifient la rencontre de quartier et commencent à s’approprier le processus organisationnel.

L’objectif de cette rencontre au sein du quartier est de favoriser la discussion, de tout mettre en œuvre pour arriver à un consensus sur deux ou trois des nombreux problèmes identifiés à traiter en priorité. Cette réunion a également pour but d’impliquer la population, de l’inciter à assumer ses responsabilités et à former des groupes de travail selon les problèmes choisis. D’autres rencontres seront organisées à l’avenir afin d’établir des programmes et de mener des actions concrètes, telles que la signature de pétitions, la participation à des réunions de conseil et à des séances de responsabilisation, des manifestations, des rencontres publiques, etc. Tout au long de ce processus, le rôle des organisateurs de communauté consiste à encadrer les groupes et à jouer un rôle actif dans la transformation d’un groupe de citoyens en une organisation civile.

Pays: 

Roumanie

Thématiques: