Esclavage moderne et travail forcé

Jeudi, 16 Novembre 2017

Le travail forcé et l’esclavage moderne sont des problématiques grandissantes et de plus en plus alarmantes. En Europe, il y aurait près de 600.000 esclaves modernes ; les sans-papiers, les réfugiés et les demandeurs d’asile étant les plus exposés à ces abus. 

Toutes les formes d'esclavage n'ont pas encore disparu en 2017, en témoigne une vidéo de la CNN qui montre une vente aux enchères de migrants en Libye... Dur à croire et pourtant vrai, certains migrants, faute de pouvoir traverser la Méditerranée, se retrouvent prisonniers de leurs passeurs qui les vendent pour se faire de l'argent.

Autre forme d'esclavage moderne et en Europe-même : le travail forcé. L’Organisation internationale du travail (OIT) chiffre à 16 millions ses victimes, un chiffre qui ne tient pas compte des victimes d’exploitation sexuelle ni les travaux forcés imposés par les États.

Une étude américaine publiée par un cabinet d’analyse de risques Verisk Maplecroft fait également état de l’augmentation inquiétante du nombre d’esclaves modernes en Europe. Lié à l’augmentation du nombre de migrants parallèlement à la baisse du nombre de permis de travail octroyés, de nombreuses associations réclament aujourd’hui des sanctions pénales contre le travail forcé.

L’esclavage moderne est particulièrement important en Grèce, en Italie, en Roumanie, en Bulgarie et en Turquie, portes d’entrée vers l’Europe. Certaines catégories de personnes sont encore plus fragiles, à savoir les enfants, par exemple surexploités en Turquie dans les industries du textile ou les femmes, qui doivent également faire face aux violences sexuelles.

Les esclaves modernes sont victimes d’une certaine forme de criminalité et doivent être protégés contre des employeurs frauduleux. Pour cela, en Allemagne des formations au droit du travail sont dispensées aux réfugiés. On leur explique, entre autres choses, qu’un accord oral équivaut en Allemagne à un contrat, induisant des obligations à l’employeur comme, par exemple, le versement du salaire. D’autres conseils sont aussi donnés comme « bien noter le nom de l’entreprise, son adresse, des contacts de collègues qui pourraient témoigner du fait que l’on a bien travaillé sur le site, prendre une photo de soi sur son lieu de travail. Ce que doit contenir un contrat, quel est le salaire minimum, quels sont les droits aux congés, en cas de maladie… » .

Certains manquements au niveau de la loi peuvent expliquer cette montée en puissance de l’esclavage moderne. Par exemple, bien qu’amendée en 2013, en France, la loi sur la traite des êtres humains est parfois difficilement retenue car la justice française a une vision trop restrictive de ce qu’est la traite, négligeant l’exploitation économique par rapport à l’exploitation sexuelle.

Néanmoins, les choses bougent dans certains États membres. Les voix de la société civile s’élevant, de nouvelles lois entrent peu à peu en application. C’est le cas de la Grande-Bretagne où le « Modern Slavery Act » a vu le jour et oblige les grandes entreprises à rendre compte annuellement de leurs politiques de lutte contre le travail forcé, mais aussi de l’Italie ou de l’Allemagne.