Donatella Della Porta dresse un portrait en demi-teinte de la démocratie européenne : l'Union européenne souffre d'une grave crise de légitimité liée à un manque de transparence structurel. Si deux tiers des citoyens déclaraient avoir confiance en l'UE il y a dix ans, ils sont deux tiers aujourd'hui à s'en méfier.

Cette perte de confiance s'explique par le transfert des prises de décisions importantes du parlement à des institutions non élues, les mesures d'austérité imposées par l'UE et la priorité donnée au marché libre au détriment du bien-être social. La sociologue voit en la réponse à la crise économique le démantèlement du modèle d'Europe sociale qui avait servi à légitimer l'intégration européenne.

Pourtant, elle affirme qu'il n'existe pas d'obstacle à un processus d'européanisation par le bas. On ne peut accepter une conception de la démocratie réduite au niveau institutionnel, selon laquelle la démocratie est avant tout une question de délégation et de prise de décision à la majorité. Historiquement, la démocratie s'est fondée sur des institutions de responsabilité électorale, des institutions de participation, et la société civile. Face aux déclins des institutions traditionnelles de participation, les partis et les syndicats, la responsabilisation des citoyens à travers les mouvements sociaux peut et doit être la réponse au déficit démocratique européen.

Donatella Della Porta cite notamment les mouvements nés de la lutte contre l'austérité, comme Les Indignés en Espagne, les mouvements de solidarité face à la crise des réfugiés, et l'opposition organisée contre les négociations du traité transatlantique (TAFTA), qu'elle voit comme autant de possibilités de relancer un processus d'européanisation par le bas.