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Grèce : la fin des plans d'aide ne signifie pas la fin de l'austérité

Mercredi, 22 Août 2018

Alors que le troisième programme d'ajustement économique a pris fin ce lundi 20 août 2018, les perspectives économiques de la Grèce restent moroses en raison notamment d'un faible niveau d'investissement, d'une fiscalité étouffante ainsi que de la fragilité de son système bancaire.

Depuis la signature de l'accord sur le troisième plan d'aide en 2015, le PIB grec n'a pourtant cessé de croître. Selon Pierre Moscovici, commissaire pour les affaires économiques et financières, "La conclusion du programme de soutien à la stabilité est une bonne nouvelle tant pour la Grèce que pour la zone euro. Pour la Grèce et ses citoyens, il marque le début d'un nouveau chapitre, après huit années particulièrement difficiles. Pour la zone euro, il tire symboliquement un trait sur une crise existentielle". Cependant, ce serait aller trop vite que de parler d'une véritable embellie. En avril 2018, le taux de chômage global de la population dépassait encore les 20%, et la dette publique représente actuellement près de 180% du PIB du pays - soit le plus haut taux d'endettement public de l'eurozone et de l'UE28. Le chemin vers une économie saine et prospère reste long à parcourir. À bien des égards, une telle reprise est donc conditionnée à la capacité du gouvernement grec à stimuler une croissance saine et pérenne, ce sous la contrainte d'obligations budgétaires colossales.

L'une des priorités du gouvernement grec est d'attirer les investisseurs étrangers. Les mesures prises dans le cadre des programmes d'ajustement structurel devraient ici faciliter la tâche du gouvernement. Or, une grande partie de ces mesures doivent encore être véritablement mises en application. Dans les faits, l'économie grecque pourrait donc être plus favorable aux investisseurs qu'elle ne l'est actuellement. Il doit également être souligné que la plupart des investissement directs à l'étranger (IDE) à destination de la Grèce concernent le secteur du tourisme. Il est regrettable que les flux d'IDE semblent bouder le secteur industriel, qui a considérablement souffert de la crise économique et financière.

La fiscalité grecque devrait également faire l'objet d'un rééquilibrage afin de relâcher la pression fiscale qui pèse actuellement sur les classes moyennes. Un tel allègement devrait stimuler la consommation des ménages grecs, cependant la mesure devrait être d'ampleur limitée.

Le secteur bancaire demeure très vulnérable en raison d'une proportion exceptionnellement grande de prêts non-performants. Les remboursements de 48% des prêts en cours sont actuellement interrompus. Cela correspond à dix fois la moyenne européenne. Pour reprendre les propos du Premier Ministre Alexis Tsipras, les banques sont "encore pareilles à des zombies", incapables de financer l'économie du pays. Il est donc urgent d'améliorer la situation des banques grecques qui, malgré les renflouements successifs, peinent à se remettre de la crise.

Enfin, il convient de souligner que la sortie du dernier plan d'assistance ne signifie en rien la fin de l'austérité. Une dette publique que même le FMI a par le passé qualifiée d'insoutenable continue de peser sur la Grèce, ainsi il serait illusoire de croire que la conclusion du programme de soutien sortira les grecs de leur détresse sociale.