La détention d'enfants réfugiés en Belgique : une décision contestée

Jeudi, 30 Août 2018

Suite à l'arrêté royal publié le 1er août 2018 et entré en vigueur dix jours après, les enfants pourront à nouveau être détenus en Belgique, sur la simple raison de leur statut migratoire ou de celui de leurs parents. Une nouvelle décision dénoncée par l'Agence des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR) et Amnesty International, au nom de la santé et du bien-être des enfants.

Depuis le 11 août 2018, la détention d'enfants pour motif d'immigration dans les nouvelles unités familiales de Steenokkerzeel qui jouxtent l'aéroport de Bruxelles est autorisée. Un arrêté royal détaille le fonctionnement des nouvelles unités de détention pour les familles et tolère la privation de liberté de celles avec enfants en séjour irrégulier.

Cette décision constitue un attristant retour en arrière sur la politique belge d'accueil des enfants issus de l'immigration. En 2010 et 2011, la Belgique a en effet été condamnée par la Cour européenne des droits de l'Homme pour les conditions inappropriées dans lesquelles des enfants et leurs familles étaient détenus pour des motifs liés à l'immigration. Suite à quoi les autorités ont renoncé à l'emprisonnement d'enfants mineurs. Depuis lors, la Belgique est félicitée pour son rôle précurseur dans le développement d'alternatives à la détention des mineurs.

Pourtant, les unités de détention du centre de Steenokkerzeel, décrites par un article de l'antenne belge d'Amnesty International, accueillent bel et bien des enfants. Destinés aux familles à qui la protection a été refusée, ces centres laissent des femmes, des hommes et des enfants attendre leur rappatriement, encerclés de barbelés, constamment surveillés et limités dans leurs déplacements quotidiens.

« La détention d’un enfant en raison de son statut migratoire ou de celui de ses parents va toujours à l’encontre de l’intérêt supérieur de l’enfant, constitue une violation flagrante de ses droits et cause des dommages irréparables pouvant s’assimiler à de la torture ou à d’autres traitements cruels, inhumains et dégradants ; cette pratique est indigne des valeurs que prétend défendre le gouvernement ».

Les mots de Philippe Hensmans, directeur de la section belge francophone d’Amnesty International, résument les sources d'inquiétude et de colère dont a fait également état le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés. Espérons qu'ils seront rapidement entendus.