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Mexico "crowdsource" sa nouvelle constitution

Vendredi, 13 Mai 2016

En janvier 2016, le président mexicain Enrique Peña Nieto a fait voter des lois pour rendre plus autonome le distrito federal de Mexico. Une autonomie qui a donné une idée au maire Miguel Ángel Mancera : donner la possibilité aux citoyens d'écrire la première version de leur constitution.

Le processus constitutionnel 

Via deux plates-formes internet et des dispositifs locaux pour ceux qui n'y ont pas accès, les mexicains peuvent proposer, discuter et amender leurs idées pour une nouvelle constitution. Si l'une d'elle récolte assez de votes (10.000 votes électroniques sur la plate-forme change.org), la personne qui l'aura émise pourra la défendre devant la Commission Constitutionnelle. À l'heure actuelle, des propositions sur la protection et le droit des animaux, les droits des LGBT et la légalisation du mariage gay ou encore sur l'imposition d'un minimum de zones vertes par habitant ont émergé.

La Commission Constitutionnelle, composée de 28 membres, regroupe un panel divers d'artistes, activistes, professeurs et experts et respecte la parité homme/femme. Elle aura pour tâche de rédiger un premier jet en s'inspirant des propositions. Bien sûr, les propositions citoyennes ne sont là qu'à titre indicatif et rien n'obligera cette commission à les prendre en compte. Ensuite, cette première version sera soumise à un congrès spécial composé de 100 membres, qui pourront la modifier, corriger et amender, afin de produire la version finale de la constitution. 40 de ces membres sont désignés par le President Peña Nieto, le maire Mancera, et par les deux chambres parlementaires. Les 60 autres ont été soumis au vote et élus le 5 juin 2016.

Cela change-t-il la donne ?

Concernant cette composition, des sceptiques ont révélé quelques cas de votes frauduleux. Des réticents rappellent que le Mexique est classé 95e sur 168 pays pour son taux de corruption, aux côtés du Mali et des Philippines. En outre, plus de 75% des Mexicains eux-mêmes perçoivent une corruption grimpante entre police/politiciens et hommes d'affaires. The Guardian fait le point : Mexico City is 'crowdsourcing' a new constitution. But will it change anything?

Dans tous les cas, cette initiative montre la voie et innove sur deux points majeurs. D'une part, elle permet aux citoyens de réfléchir et s'exprimer sur leur constitution. Elle les inclut dans le processus et, en ce sens, les "politise". D'autre part, elle intègre internet et des plateformes numériques dans un processus démocratique, ce qui démontre une réelle modernité. (Voir à ce propos notre article démocratie : mise à jour)