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À moins d'un an des européennes, quel est le bilan européen d'Emmanuel Macron ?

Jeudi, 23 Août 2018

En campagne, le candidat Macron avait placé l'Europe au coeur de sa stratégie présidentielle. Élu, le déclin d'Angela Merkel semble lui offrir une opportunité de leadership européen sans précédent, sans que ne semblent se concrétiser véritablement ses ambitions européennes.

Emmanuel Macron rêvait de listes transnationales et d'un ministre de la zone euro. Ces mesures concrètes ne verront cependant pas le jour : les eurodéputés ont clairement rejeté le projet de listes transnationales le 7 février dernier, et les membres de la zone euro ne semblent pas prêts à se doter d'un véritable gouvernement économique commun, qui pourtant pourrait constituer le ciment d'une véritable solidarité économique et financière entre États utilisateurs de la monnaie unique.

Pour la Ministre des affaires européennes Nathalie Loiseau, interviewée par le journal Le Monde, il convient de prendre du recul pour contempler l'ampleur du chantier européen qui s'offrait à Emmanuel Macron au moment de son élection. Selon la Ministre, l'arrivée de Macron sur la scène politique européenne a mis fin à "un statu quo fataliste", mais surtout à une situation où "la France avait disparu des radars". Que cela soit le fait de la personnalité et des priorités politiques du Président Macron, où que cela doive être imputé au déclin relatif d'Angela Merkel, force est de constater que la France a regagné une place de premier plan sur la scène politique européenne. En termes de réalisations concrètes, Nathalie Loiseau estime que la France a obtenu gain de cause sur le projet de révision de la directive sur les travailleurs détachés, faisant taire ceux pour qui le projet européen ne consiste qu'à "niveler la protection sociale par le bas". La Ministre considère également qu'Emmanuel Macron a fait avancer la réflexion sur l'optimisation de la zone euro, notamment en ralliant Berlin à l'idée d'un véritable budget commun, chose inimaginable par le passé.

En matière de politique étrangère, il n'est pas certain que la diplomatie active mise en scène par le Président Macron profite autant à l'Europe qu'à la France. Si ses prises de position en faveur de la préservation du commerce international sont cohérentes avec celles défendues par les représentants européens, la gestion du dossier iranien a donné à voir une France plus soucieuse de son image que de favoriser un élan européen commun. Si elle se concrétise, la  consolidation de la Politique de Sécurité et de Défense Commune devrait ici constituer un gage de rééquilibrage.

Nuançant les louanges de la Ministre des affaires européennes, la correspondante du journal Le Soir à Paris, Joelle Meskens, estime que "pour viser l'Europe", Emmanuel Macron doit "d'abord réussir en France" : fragilisé par l'affaire Benalla, mais aussi par des résultats économiques qui se font attendre, le Président a vu sa côte de popularité diminuer.

Macron et son équipe ne s'avouent toutefois pas vaincus, et se fixent pour horizon les élections européennes de 2024 pour parvenir à mettre en oeuvre leur projet pour l'UE.