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Notre-Dame-des-Landes : le peuple a dit oui !

Lundi, 27 Juin 2016

Proposé dans les années 1960, le projet d'ouvrir l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes pour décharger celui de Nantes sussite un vaste mouvement de contestation. Pour clore un débat qui se sclérosait, une consultation s'est tenue dimanche dernier... et l'accord pour le projet a été plébicité à 55%.

Un projet, deux visions de société

Les ZADistes (dérivé de "zone à défendre") de Notre-Dame-des-Landes sont devenus un symbole de la lutte qui oppose les écologistes aux logiques capitalistes et libérales qui portent le projet de la construction d'un aéroport. Quoi de plus parlant, en effet, qu'une zone rurale, exploitée par des paysans et composée également de zones classées humides (bocage nantais), vivier d'une biodiversité composé de 100 espèces protégées, sur laquelle on veut implanter un aéroport, polluant donc, et dans le but, dit-on, de créer des emplois et relancer une dynamique économique et industrielle dans la région. Deux projets, deux visions de société, deux types d'acteurs, tous aussi déterminés les uns que les autres.

Une consultation...

Pour permettre au débat d'avancer, des consultations ont eu lieu et des études ont été menées dont l'indépendence a systématiquement été critiquée, soit par les uns, soit par les autres. Les arguments ne permettant pas de trancher, il a donc été convenu de réaliser un referundum. Ici, contrairement au récent Brexit, les enjeux étaient plus faciles à cerner, quoi qu'une rude communication (lobbying) des deux "clans" ait eu lieu. Finalement, le "oui" l'a emporté à 55%.

... contestée

Pourtant, certains déploraient, déjà avant ce résultat, le "maquillage" démocratique d'une telle pratique. Nicolas Hulot, qui, au travers de sa fondation, s'était très largement engagé pour le "non" et qui historiquement soutient la contestation, estime que "la démocratie participative ne fonctionne pas dans notre pays" car elle se résume trop souvent à "un habillage de démocratie". Françoise Verchère, maire de Bouguenais — une ville proche de Nantes — entre 1993 et 2007 et porte-parole du Cédpa (Collectif des élus doutant de la pertinence du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes) se dit révoltée : "Oui, j’ai fait partie des crédules, j’ai pensé que les règles du jeu étaient honnêtes, avant de me rendre compte que les dés sont totalement pipés." Et plus loin : " [la consultation] est une réponse de Valls à Ségolène Royal, qui prônait une remise à plat du dossier en demandant deux études indépendantes, sur l’exposition au bruit des alentours et sur une comparaison des coûts entre le maintien et le réaménagement de l’actuel aéroport et la construction à Notre-Dame-des-Landes. Si ces études sont menées, elles vont dynamiter les données fournies par la Direction générale de l’aviation civile pour légitimer Notre-Dame-des-Landes. La consultation, c’est l’entourloupe qui arrive pile pour court-circuiter ces études."

Encore un bel exemple qui montre la difficulté de mettre en place une démocratie directe. La bataille des chiffres et du calcul des résultats entre "effets positifs" et "effets négatifs" se jouent sur des terrains différents. Comment trancher entre la primauté de l'habitat de 100 espèces protégées par rapport à des emplois créés ; entre une zone humide évitant les innondations et une activité économique peut-être relancée ; entre un luxe et une commodité ? Bref, le temps de la lutte pour la démocratie participative est en train d'évoluer vers une lutte pour sa qualité.