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PLS aux côtés de Jean Ziegler pour dénoncer l'horreur du camp de Moria, Lesbos

Lundi, 16 Mars 2020

 "Jamais je n’ai été confronté à des habitations aussi sordides, à des familles aussi désespérées, que dans les oliveraies de Moria", écrit Jean Ziegler. Le sociologue, écrivain, vice-président du Comité consultatif du Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies, dénonce les conditions d’accueil des migrants sur l’île de Lesbos. Lesbos, devenue le symbole de la honte de l’Union européenne. 

Jean Ziegler s’est rendu dans le plus grand camp de réfugiés d’Europe, à Moria, en mission pour l’ONU. Il nous raconte la situation sur place et propose des pistes d’action pour que l’Europe renoue avec l’hospitalité et la solidarité.

Des conditions de vie inhumaines

Le camp de Moria, c’est une ancienne caserne qui avait été construite pour 3000 personnes. 22000 personnes y sont entassées aujourd’hui.

Il n’y a aucun chauffage alors qu’il neige à Lesbos. La nourriture est insuffisante, mais surtout infecte, immangeable, la sous-alimentation est générale. Il y a une toilette pour 100 personnes, souvent bouchée, puante ; une douche pour 150 personnes. La gale est généralisée, les maladies de reins dues à l’eau insuffisante et polluée sont courantes. Il y a absence de soins médicaux, un seul médecin militaire est prévu pour ces milliers de personnes. Les tentatives de suicide se multiplient devant cette situation inhumaine, parmi les adultes mais aussi parmi les adolescents.

Les enfants non accompagnés sont nombreux. La fuite est déjà un martyre, beaucoup d’enfants perdent leurs parents en cours de route, ils se rassemblent entre eux pour s’aider. Les cas d’automutilation sont nombreux, par désespoir : ce sont des appels au secours.

Une mobilisation citoyenne

Pour Jean Ziegler, il y a une forme d’aliénation, on fait croire aux citoyens qu’ils sont impuissants, mais "il suffit que nous nous réveillions, que nous nous levions et que nous imposions à nos gouvernements un changement radical de la politique envers les réfugiés, une politique d’accueil au lieu d’une politique de refoulement et de terreur. Et nous pouvons obtenir une insurrection des consciences. Le pouvoir de la honte, nous, citoyens et citoyennes, le détenons."

Nous pouvons nous mobiliser pour renverser le rapport de force, il y a une multitude d’armes que les Constitutions nous cèdent : la manifestation, la grève, l’intervention parlementaire, politique, sociale… Il n’y a aucune impuissance en démocratie. "Il suffit de ramasser ces armes, d’organiser le combat, la résistance, de détruire le mensonge de la Commission qui veut faire croire que les réfugiés sont un danger pour le mode de vie européen. "

Photo © Andrew Yianne Photography