Un « Green Deal » européen qui manque de cohérence ?

Vendredi, 29 Novembre 2019

La Commission von der Leyen s’est engagée à mettre en œuvre un «Green Deal», et à en faire la priorité de sa politique. Mais qu’en est-il exactement ? Qu'est-ce qui se cache derrière ce portefeuille au nom prometteur ?

Financement

La politique verte de l'Union européenne, le fameux "Green Deal" risque de ne rester qu’une belle formule si le financement n’est pas au rendez-vous. Dans un rapport publié en septembre 2017, la Cour des comptes européenne estime à 1.115 milliards d’euros… par an la facture liée à une transition vers un mix énergétique composé de 27% de sources renouvelables, ainsi qu'une diminution de 30% des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030. Une facture colossale pour une Union européenne dont le budget annuel ne s’élève qu’à plus ou moins… 148 milliards d’euros.

Financement public ou privé ?

Timmermans a évoqué le montant de 1.000 milliards d’euros d’investissements dans la prochaine décennie. Cependant, il a aussi précisé qu’il s’agirait en grande partie de financements public-privé et de co-financements nationaux. Une grande partie des engagements écologiques sera donc laissée au bon-vouloir des États membres et des entreprises !

Seuls 320 milliards d’euros relèveraient du financement public. Mais où la Commission européenne va-t-elle puiser ses fonds, sachant que l’enveloppe européenne annuelle s’élève à 148 milliards ? Ne risque-t-on pas d’assister à un système de tuyauterie, faisant passer des subventions agricoles (premier poste de dépenses européen) ou des fonds de cohésion (deuxième) pour des aides au Green Deal ?!

Quel pouvoir, aux mains de qui ?

La réalité du Green Deal va dépendre de la marge de manœuvre de Frans Timmermans. Or ce dernier est entouré de deux autres vice-présidents aux convictions profondément libérales : le Letton Valdis Dombrovskis (économie) et la Danoise Margrethe Vestager (numérique). C’est  d'ailleurs Dombrovskis qui détient, in fine, les instruments nécessaires au Green Deal, comme la politique d’investissement ou encore les indicateurs macroéconomiques.

L’urgence climatique et environnementale ne fait plus aucun doute pour personne. Créer de nouveaux fonds sous forme de coquilles vides, inventer des labels et des formules creuses, engager d’infinies négociations, multiplier les groupes de travail, attendre d’énièmes résultats scientifiques et autres études d’impact… ne calmera pas les esprits !

Une telle méthode aura pour effet de discréditer une fois de plus l’exécutif européen. Et de donner du grain à moudre à toutes celles et ceux qui fustigent le manque de cohérence des dirigeants. Peut-on se le permettre ? En votant avec une participation en hausse de 10% au scrutin de mai dernier et en faisant progresser le groupe des Verts de 17 sièges dans l’hémicycle, les citoyens européens ont précisément demandé une autre réponse.