Coronavirus et relance : l'UE en appelle aux dons !

Monday, 25 May 2020

« Nous devons trouver des solutions à des problèmes concrets. Et nous devons le faire rapidement » soulignait Valdis Dombrovskis, Vice-président de la Commission à l'économie, tandis que des mesures de confinement étaient prises par de nombreux pays européens. Effectivement, la crise du Covid-19 déferlait alors sur le Vieux Continent, mettant les activités en pause et les économies à l'arrêt. La réaction des instances européennes était donc très attendue ! Parmi les premières solutions à émerger de la réflexion menée par les fonctionnaires de l'UE : une campagne de crowdfunding !

Il est des nouvelles qu'il vaut mieux lire assis, sans rien qui casse dans les mains ! Car il faut bien reconnaître que l'information a de quoi laisser pantois ! Et nous sommes probablement nombreux et nombreuses à nous y être pris à deux fois avant d'en saisir pleinement la portée, non sans nous être pincé.e.s violemment entre-temps et avoir prudemment vérifié que, non, ce n'est pas le 1er avril aujourd'hui !

Initiée fin mars, dans un relatif anonymat, l'idée « d'inviter les plateformes de crowdfunding à mener une action conjointe pour soutenir les citoyens, les petites entreprises et les travailleur.euse.s indépendant.e.s » a vite fait son chemin. Jusqu'à se transformer en appel mondial aux dons, lancé très officiellement le 4 mai dernier, avec pour objectif de lever 7,5 milliards d'euros, pour financer la recherche sur le coronavirus cette fois.

Manière de replacer la solidarité au cœur des échanges ou de s'en remettre au collectif quand on ne sait pas faire autrement ? Chacun.e appréciera.

On rappellera tout de même que le financement participatif est un outil étroitement lié au champ de l'économie sociale et solidaire ; laquelle ESS a longtemps fait figure de caillou dans la chaussure de l'UE. Faut-il voir là l'amorce d'une transformation structurelle de l'Europe vis-à-vis des pratiques participatives en général et du secteur de l'ESS en particulier ? L'avenir nous le dira...

Toujours est-il que l'opération est un succès : 7,4 milliards d'euros de promesses de dons ont en effet été enregistrées à ce jour. Et, fait plus rassurant sur l'aptitude de nos institutions à répondre à la crise : un plan d'envergure vient tout juste d'être annoncé. Porté par l'Allemagne et la France, ce modèle de relance, chiffré à 500 milliards d'euros et fondé sur 4 piliers, semble prendre davantage la mesure des enjeux colossaux, présents et à venir. À l'heure actuelle cependant, rien n'est officiellement acté ; l'Autriche, le Danemark, les Pays-Bas et la Suède traînent les pieds ; et nul ne sait si ce plan sera financé par fonds propres ou s'il sera le fruit d'un jeu d'écritures et de coupes budgétaires sur d'autres postes.

Force est cependant de constater que cette réponse en deux temps trahit la grande difficulté qu'éprouvent les instances européennes à se mobiliser en situation de crise. Ce qui est préoccupant, car c'est précisément là ce qu'on attend d'elles : la capacité à anticiper, d'abord, puis à déployer et à coordonner une action utile sur l'ensemble de son territoire, même (et surtout !) lorsque l'improbable survient.

Nous le savons, l'UE souffre d'un déficit chronique de confiance de la part de ses concitoyen.ne.s. Pas sûr que sa gestion de la crise du Covid-19 soit de nature à inverser cette tendance.