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Ces investisseur.se.s britanniques qui veulent « acheter » la citoyenneté européenne

Monday, 5 October 2020

Au Royaume-Uni, de plus en plus d’investisseur.se.s et d’entrepreneur.se.s font appel à des cabinets de consultant.e.s pour obtenir des passeports ou des visas dorés permettant de contourner les restrictions relatives à la sortie du marché commun européen.

Les Britanniques les plus aisé.e.s s’accrochent à l’Union européenne

Alors que l’Union européenne (UE) a lancé une procédure d’infraction contre le gouvernement britannique jeudi 1er octobre en réaction à son projet de loi controversé, les riches investisseur.se.s du Royaume-Uni cherchent à accéder aux avantages que le passeport européen peut apporter. Une enquête de Reuters publiée en 2019 a montré que de nombreux.se.s partisan.te.s du parti conservateur britannique ont acheté la citoyenneté chypriote en 2018. Investir dans des biens immobiliers locaux ou des entreprises permet d’accéder à certains avantages comme la nationalité, le droit de résidence ou encore de voyager sans visa vers l’Union européenne. Selon la société de conseil Astons, l’intérêt des client.e.s pour l’obtention de la citoyenneté chypriote ou grecque ont respectivement augmenté de 50 % et de 30 % entre 2019 et 2020.

Les « passeports dorés », une pratique toujours très répandue en Europe

En août 2020, une enquête de la chaîne arabe Al Jazeera, « Cyprus Papers », a révélé que certains pays n’hésitent pas à offrir la citoyenneté à des personnalités visées par des sanctions internationales, en échange de gros investissements. Apparus dans les années 80, les systèmes de citoyenneté et de résidence contre rémunération sont restés une habitude au sein de l’Union européenne, selon un rapport de l’ONG Global Witness. À titre d’exemple, l’achat d’un bien immobilier d’une valeur de 300 000 euros permet d’obtenir la nationalité chypriote en deux mois seulement. De son côté, Malte offre la citoyenneté en échange d’un million de livres sterling d’investissement environ, mais le processus prend jusqu’à 14 mois.

Le phénomène tend à s’aggraver à l’image de la Bulgarie où, le 20 mars 2020, les député.e.s ont adopté un projet délivrant le passeport bulgare contre un investissement de 500 000 € et la création de vingt emplois. Une douzaine d’autres pays de l’UE, dont la France, délivrent, eux aussi contre des investissements et selon des critères variés, des permis de résidence. La liste des acquéreur-resse.s est rarement publiée et les profils des candidat.e.s peu contrôlés.

Une réponse européenne limitée

Face à la publication des « Cyprus Papers », le commissaire européen à la justice, Didier Reynders, a envisagé l'ouverture d'une procédure d’infraction de la part de l'Union européenne à l'encontre de Chypre. « De simples déclarations ! » pour Eka Rostomashvili de l'ONG Transparency International. Alertée par de nombreux organismes, l'action de l'Union européenne se résume pour l'instant à exercer une pression morale sur les États membres abusant de ce système, l'attribution de la citoyenneté restant une prérogative des États.

Le déséquilibre est total : les Britanniques les plus riches bénéficient d'une sorte de « passe-droit » tandis que le reste de la population nationale est en train de subir de plein fouet de graves retombées socio-économiques dues au Brexit, sans compter la crise sanitaire en cours.