Brexit : fin de la stratégie Johnson ?

Jeudi, 5 Septembre 2019

En deux jours seulement, le Premier ministre britannique a tout perdu : le contrôle de la politique du Brexit, la maîtrise du calendrier de la sortie du Royaume-Uni et la majorité parlementaire.

Il n’aura fallu que six semaines depuis son arrivée au pouvoir pour que Boris Johnson soit contredit au sein de son propre camp. Alors qu’il avait promis quelques jours plus tôt une sortie de l’Union européenne le 31 octobre, avec ou sans accord, le voilà désormais contraint par les députés de l’alliance anti « no deal » de demander auprès de l’Union européenne un report de 3 mois de la rupture euro-britannique. L’ancien maire de Londres avait anticipé ce scénario et annoncé que dans ce contexte, il dissoudrait la Chambre des communes pour entraîner des élections générales le 15 octobre. Pour être effectif, ce droit de dissolution nécessite un vote à la majorité des deux-tiers de la Chambre basse. Or, sur les 434 voix requises, seuls 298 députés ont exprimé leur soutien au Premier ministre.

Face à cette défaite cinglante, Boris Johnson ne semble pas avoir de plan B. Il y a une semaine, il se trouvait en position de force, désormais ses soutiens disparaissent à vue d’œil. Anand Menon, professeur de politique européenne au King’s College prévient toutefois qu’ « il n’a pas encore perdu, la politique britannique est devenue extrêmement volatile et les travaillistes sont très divisés ». La seule issue pour le résident du 10 Downing Street repose sur l’organisation d’élections générales avant le Conseil européen du 17 octobre. L’opposition composée des Travaillistes, des Verts, ou encore des Libéraux-démocrates et qui aurait tout à gagner de la dissolution du Parlement, refuse pourtant d’accorder ses voix à Boris Johnson afin d’échapper au « no deal ». Jeremy Corbyn, chef de l’opposition, déclare au nom du parti Travailliste que sa « priorité est d’éviter un “no deal”, de finir d’adopter ce texte de loi [anti- “no deal”] », lequel garantirait un accord de sortie entre Londres et Bruxelles. La bataille à Westminster bat son plein, affaire à suivre …