Coronavirus: le pays qui freine la solidarité européenne n’est pas celui que vous croyez

Vendredi, 24 Avril 2020

Les âpres négociations du 9 avril dernier avaient déjà mis en lumière la fracture béante entre les pays du sud et ceux du nord. Parmi eux, les Pays-Pas cristallisaient des rancœurs unanimes pour sa position inflexible sur plusieurs outils de solidarité. Et rien n’indique que les choses devraient changer.

Un nouveau sommet en forme de guerre de tranchées? Les vingt-sept dirigeants des pays de l’Union européenne se sont réunis ce jeudi 23 avril par visioconférence pour la quatrième fois depuis le début de la crise sanitaire du coronavirus. Un Conseil qui s’ est ouvert sur fond de clivage entre les pays du Nord inquiets de payer pour les dépenses de ceux du Sud, qui eux réclament une plus grande solidarité.

Les Pays-Bas, ”égoïstes” pointés du doigt

Ce sont bien les Pays-Bas qui font désormais office de chef de file des Nations pingres. Ils se positionnent sur la logique de dire, "nous on a des finances saines, pourquoi on paierait pour les autres?" Ils ont beaucoup puisé dans ce narratif et ceci a provoqué des réactions atterrées.

L’Elysée n’avait pas hésité à fustiger la responsabilité de ce “seul pays” à s’être opposé à l’activation du Mécanisme européen de stabilité. Avec une rare violence, le Premier ministre portugais Antonio Costa avait critiqué la “mesquinerie récurrente” des Pays-Bas. ”Ce discours est répugnant dans le cadre d’une Union européenne. C’est vraiment le mot: répugnant”. 

Message reçu? Pas tellement, puisque contrairement à l’habitude, les dirigeants n'ont pas adopté de déclaration commune à l’issue de cette nouvelle réunion. 

Motif d’espoir pour les partisans d’une relance massive et solidaire: le contexte sanitaire et économique ne cessant de s’aggraver sur le Vieux continent, le libéral Mark Rutte, pourrait être de plus en plus seul à défendre une ligne dure.

L’Allemagne, d’ordinaire réputée pingre, se montre notamment plus encline à sortir le carnet de chèques. La chancelière Angela Merkel a déclaré que l'Allemagne pourrait aller au-delà du paquet de 540 milliards d'euros convenu par les ministres des Finances de l'UE et augmenter également sa contribution au budget européen. Au-delà du cas allemand, ce sont bien toutes les lignes européennes qui pourraient bouger face à cette crise sans précédent.