Immigration, politique et solidarité citoyenne en Belgique

Mardi, 30 Janvier 2018

Theo Francken, secrétaire d’État à l’Asile et à la migration, a déposé un projet de loi – largement controversé – sur les « visites domiciliaires ». Ce projet de loi devait être examiné le mardi 23 janvier 2018 par la commission de l’Intérieur de la Chambre mais cela a été reporté. Les politiques migratoires mises en place par le gouvernement Michel commencent à faire gronder les citoyen-ne-s et les poussent à agir... 

Le projet de loi autorise les visites domiciliaires (perquisitions et interpellations) chez des personnes tierces qui hébergeraient des sans-papiers. Bien que le Secrétaire d’État défende son projet bec et ongle, syndicats, citoyen-ne-s et ONG s’insurgent et dénoncent une atteinte à la Constitution belge* et aux droits fondamentaux. Les juges d’instruction eux-mêmes se positionnent comme détracteurs du projet de loi, dénonçant un outrage à l’indépendance des juges d’instruction et par conséquent, une atteinte à la démocratie.

Il y a quelques temps, une délégation soudanaise est venue en Belgique, à la demande de M. Francken, pour identifier les réfugiés en situation irrégulière et les renvoyer dans leur pays d’origine. Une fois expulsés, certains d’entre eux ont été torturés.

Ces différents évènements dont le secrétaire d’État est pleinement conscient mais qu’il a choisi d’ignorer ont provoqué de vives réactions chez les citoyen-ne-s qui s’activent pour venir en aide aux réfugiés, notamment ceux du Parc Maximilien à Bruxelles.

Suite au démantèlement de la jungle de Calais, le Parc Maximilien est en effet devenu un lieu de transit important pour des réfugiés majoritairement soudanais et érythréens. Une plateforme citoyenne a été mise en place afin d’organiser l’hébergement chaque soir de ces réfugiés. Aujourd’hui et malgré la solidarité citoyenne, le quotidien des réfugiés du Parc Maximilien est ponctué d’interventions policières parfois violentes, de confiscations de biens, de la peur et d’un sentiment d’insécurité persistant.

Le projet de loi Francken vise à déplacer ce sentiment de peur et d’insécurité au sein de l’espace privé, lorsque des citoyen-ne-s viennent en aide aux réfugiés et leur proposent un hébergement pour la nuit.

Le 13 janvier 2018, 6.500 manifestant-e-s ont appelé le gouvernement à prendre des mesures adéquates et exigé la démission de Theo Francken. Mais une démission forcée du secrétaire d’État – soutenu par son parti – entrainerait la chute du gouvernement… En réponse à la demande citoyenne, Charles Michel a annoncé avoir suspendu les expulsions vers le Soudan et prévu de clarifier la situation. À nouveau, certains dénoncent l’apathie du Premier Ministre face à l’urgence humanitaire.

Plutôt que de calmer les ardeurs, ces offensives du gouvernement ont entrainé une montée de l’activisme chez les citoyen-ne-s, de tout âge, de tout sexe, de toute opinion politique et religieuse.

Dimanche 21 janvier dernier, grâce à des fuites d’informations au sein de la police et du Ministère de l’Intérieur, la plateforme citoyenne et la Ligue des droits de l’Homme ont été informées d’une opération policière de grande envergure le soir-même au Parc Maximilien. 2.500 personnes se sont déplacées, formant une chaîne humaine et s’opposant ainsi aux forces de police.

Il est temps que les autorités politiques écoutent ce que les citoyen-ne-s clament haut et fort !

 

* Article 15 de la Constitution qui dit que « le domicile est inviolable ; aucune visite domiciliaire ne peut avoir lieu que dans les cas prévus par la loi et dans la forme qu’elle prescrit ». 

Pays: 

Belgique