La taxe Tampon enfin supprimée en Belgique !

Vendredi, 6 Octobre 2017

Après des mois de militantisme de la part d'associations comme "Belges et Culottées", la taxe de 21% sur les tampons, coupes menstruelles et serviettes hygiéniques va être abolie !

Encore taxés comme produit de "confort" à hauteur de 21%, les serviettes, tampons et autres coupes menstruelles vont passer à une TVA de 6%, comme tous les produits de "première nécessité".

Une décision prise au niveau fédéral dont peut notamment se féliciter l'association féministe "Belges et Culottées" qui milite depuis plus d'un an et demi maintenant pour abolir cette taxation excessive. D'après l'association, cette baisse représentrait une économie d'environ 2000€ sur la vie d'une personne, non négligeable pour des produits dont on peut difficilement se passer.

PLS consacrait déjà un article sur le sujet début 2016 en faisant un tour d'horizon européen, après que la France ait abaissé la TVA sur ces produits à 5,5%.

 

Interview d'Aurélie, membre du collectif Belges & Culottées :

Pourquoi cette question de la taxe tampon était-elle si importante à aborder ?

Parce que même si à la base cela concerne uniquement une « taxe », ce qu’on voulait aborder c’était surtout le principe : pourquoi est-ce que l’on ne considère pas les protections hygiéniques comme produits de première nécessité ? Chaque personne possédant un utérus en est conscient.e, avoir ses règles veut aussi dire utiliser des produits hygiéniques (tampons, serviettes, coupes menstruelles, serviettes lavables et j’en passe).

La France et d’autres pays avaient déjà mis la problématique sur la table, et on a voulu faire de même en Belgique. Pas de taxe sur nos règles, pas de taxe sur notre corps, un point c’est tout.

Notre défense a toujours été menée sur le principe de l’égalité des genres (gender mainstreaming), principe que la Belgique s’est engagée à respecter. Faire payer des taxes à la moitié de la population juste parce qu’iels* possèdent un utérus, c’est de la discrimination.

De plus, il y a aussi le tabou qui entoure les règles qu’il nous paraissait intéressant de mettre en lumière. On entend souvent que les règles c’est « dégueulasse », « ça pue », « il ne faut pas en parler », ... Nous on voulait justement casser le tabou et en parler pour libérer les personnes ayant un utérus de toutes les contraintes et les secrets liés aux règles.Nous sommes persuadées que la taxe tampon était intimement liée à ce tabou qui entoure les règles et c’est ce qu’on a souhaité changer.

Pour finir, il y avait aussi le fait que les produits hygiéniques devraient être en général plus accessibles à toutes les personnes qui en ont besoin. Baisser la taxe est, dans ce cadre, un premier pas vers cette accessibilité.

 

Quelle a été votre stratégie de lobbying pour que vos demandes soient prises en compte ? Quelles actions avez-vous mises en place dans ce cadre ?

Il y en a eu plusieurs.

Nous avons commencé par lancer une pétition en ligne, ensuite nous avons élaboré notre page Facebook, Twitter ainsi que créé un site web.

Nous avons aussi tenu à publier nos messages dans les deux langues nationales principales, à savoir en néerlandais et en français. La taxation étant une compétence fédérale, il est important de cibler l’entièreté du public belge.

Ensuite, nous avons contacté plusieurs groupements féministes actifs en Belgique, nous avons envoyé des mails afin de demander leur soutien, et certains nous ont suivies.  

À l’occasion du 8 mars le sujet a reçu beaucoup d’attention médiatique ce qui a poussé la presse à nous contacter pour multiples interviews ainsi qu’à des parlementaires à nous montrer leur soutien (nous avons par exemple été invité.e.s au parlement).

Suite à cela, l’asbl de protection des consommateur.rice.s Test-Achats nous a contacté afin de collaborer ensemble. L’asbl a écrit un grand article à ce sujet et a republié la pétition, ce qui a eu pour effet d’augmenter significativement le nombre de signatures.

Pour finir, l’été passé, face à l’inertie des politicien.n.e.s nous avons décidé d’écrire une lettre que nous avons envoyée à l’ensemble des intéressé.e.s par voie électronique.

Dans ces démarches, Tests Achats nous a beaucoup soutenus.

En ce qui concerne nos actions plus ludiques, nous avons opté pour l’humour en dessinant des visuels avec des culottes ensanglantées ainsi que des phrases interpellantes comme « Plus chic que le chocolat » ou encore « Ca va saigner ! ».

 

Et maintenant ? Quels sont les enjeux sur la question des règles qu'ils restent à aborder ?

En tant que collectif, nous devons nous asseoir autour d’une table afin de décider de nos futurs combats.

Nous pensons continuer à sensibiliser à propos des règles et pourquoi pas plaider pour le libre accès aux protections hygiéniques dans les plannings familiaux (où l’on peut par exemple souvent trouver des préservatifs en libre accès...).

Nous avons aussi d’autres combats en tête, comme l’élimination de l’avortement du code pénal ou encore l’annulation du délai de réflexion.

D’autres idées sont en cours de discussion, il faudra nous suivre pour en savoir plus !

*iels : pronom neutre permettant de désigner un groupe d'individus sans distinction de genre.

Pays: 

Belgique

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