Le rejet des négociations européennes pour l’élargissement : un acte qualifié de faute

Mercredi, 23 Octobre 2019

Durant le sommet européen du 18 octobre 2019, trois États-membres ont manifesté leur opposition concernant l’élargissement de l’Union européenne à l’Albanie et un à la Macédoine du Nord. Un grand nombre de responsables politiques ont dénoncé un manque de respect des engagements européens.

Lors du dernier Conseil européen, la France, les Pays-Bas et le Danemark ont refusé d’ouvrir les pourparlers avec l’Albanie, invoquant son manque de préparation et exigeant un approfondissement des réformes engagées par le pays des Balkans. Paris a également posé son véto concernant les négociations avec la Macédoine du Nord, bloquant toute possibilité de concertation pour une future adhésion. Le Président français a insisté sur une nécessaire réforme préalable du processus d’élargissement de l’Union européenne.

De vives réactions se sont faites entendre de la part de nombreuses personnalités politiques européennes, pointant du doigt un manque de crédibilité de la part de la France et de l’Union européenne. Lors de son dernier discours devant le Parlement européen, Jean-Claude Junker a déclaré qu’il s’agit d’« une grave erreur de ne pas avoir ouvert les négociations, car cela affecte profondément ces deux pays et l’UE donne l’impression de faire des promesses qu’elle ne tient pas ». Donald Tusk, Président du Conseil a commenté cette attitude la qualifiant de « grave erreur ». Tandis que certains estiment qu’un tel blocage constitue une réelle porte d’entrée pour toute influence extérieure dans la région, d’autres regrettent la décision face aux efforts considérables mis en place par les pays candidats. « Nous en avons demandé beaucoup à ces pays et maintenant nous leur claquons la porte au nez », s’est exclamé Manfred Weber, le chef du Parti populaire européen (PPE).

Presque 14 ans après l'obtention de son statut de candidat, le pays rebaptisé « Macédoine du Nord » depuis février 2019 pour satisfaire la Grèce dans une optique de pouvoir faire son entrée dans l’Union européenne, devra encore attendre avant de pouvoir négocier son adhésion. Suite à cet accord historique avec le gouvernement hellénique et pour répondre aux attentes de Bruxelles, le gouvernement du Président Zoran Zaev, s’était alors attelé à réformer la justice et à lutter contre la corruption. Quant à l’Albanie, elle obtient le statut officiel de candidat en juin 2014. Des réserves particulières ont été portées à son égard lors du Conseil européen.

Le processus d’adhésion sera relancé en mai 2020 lors du sommet UE-Balkans occidentaux. Donald Tusk a exprimé son espoir que d’ici là, les dirigeant.e.s européen.ne.s tirent les bonnes conclusions suite à cette décision plus que décevante.