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L'Union européenne vue par Yanis Varoufakis

Vendredi, 5 Février 2016

Ce 9 février 2016, l'ex-ministre grec des Finances Yanis Varoufakis a lancé à Berlin son nouveau mouvement "Democracy in Europe Movement 2025" (DiEM25), en présence d'activistes et d'intellectuels de renom. Leur slogan : "L'UE doit être démocratisée. Sinon, elle se désintégrera".

L'origine du mouvement

Quelques jours avant le débat du 9 février, Yanis Varoufakis a formulé des propositions sous la forme d'un manifeste de 6 pages. Ce dernier dresse un bilan sévère à l'égard de l'Union Européenne (UE), mais propose également des pistes ainsi qu'un calendrier pour solutionner la situation de crise que traverse l'Europe. Le texte en appelle à démocratiser l'UE, en "repolitisant" une série de sujets dont ses auteurs estiment qu'ils ont échappé aux représentants élus des citoyens européens. A l'inverse, le manifeste prévoit d'"européaniser" certaines compétences actuellement gérées au niveau des États membres ou en-deça. À ce titre, Varoufakis s'est exprimé en décembre dernier, lors d'une conférence TED intitulée "Capitalism will eat democracy unless we speek up" (voir rubrique 'En savoir plus').

« Cette “Europe” inefficace, autoritaire, illégitime, et anti-démocratique, est en train de se fragmenter. Les Européens se déchirent entre deux fausses pistes : se réfugier dans le cocon de leur État-nation, ou s’avouer vaincus face à l'absence de démocratie qui règne à Bruxelles. Mais les conséquences de ces deux scénarios – le retour à l’État-nation, ou le maintien de l’UE en l’état – seraient terribles. […] Il doit y avoir un autre chemin. Et il y en a un ! »

Ainsi, DiEM25 énonce une volonté de mettre les peuples européens au coeur des préoccupations politiques, que ce soit au niveau des États membres ou de Bruxelles. Le mouvement propose une alternative à la soumission ou à l'abandon de l'UE: un regain de contrôle de la part des citoyens européens.

 

Comment démocratiser l'Union Européenne, sans provoquer un raz-de-marée ?

Le manifeste repose sur quatre mesures :

  1. La priorité immédiate de DiEM25 est la transparence dans les prises de décision au niveau européen : publication des comptes-rendus des réunions du Conseil européen (rencontres des chefs d'États ou de gouvernements à Bruxelles), de l'Ecofin (rencontres des 28 ministres des finances de l'UE), de l'Eurogroupe (rencontres des 19 ministres des finances de la zone euro) ou encore celles portant sur la mise en place d'une taxe sur les transactions financières en Europe. Le texte exige, en outre, la publication des comptes-rendus des réunions du conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE), ou de tout document jugé "pertinent" dans les négociations "cruciales" (TTIP, prêts colossaux débloqués par le FMI et l'UE pour sauver un Etat membre, négociations en cours pour éviter le Brexit). Enfin, cette exigeance de transparence passe également pas l'établissement d'un registre obligatoire pour tous les lobbyistes de Bruxelles, faisant mention de tous leurs clients ainsi que leurs rémunérations (ce qui n'est pas entièrement le cas à l'heure actuelle, d'après Mediapart).
     
  2. La priorité d'ici 12 mois est de répondre à la crise actuelle au moyen des institutions existantes et des traités en vigueur dans quatre secteurs stratégiques :
  • ​La dette publique
  • Le secteur bancaire
  • le niveau des investissements
  • l'augmentation de la pauvreté
  1. La priorité d'ici deux ans relève de la création d'une assemblée constituante qui délibérerait pour la mise en place d'une démocratie redorée respectant l'autonomie des nations et partageant le pouvoir avec les parlements nationaux, les assemblées régionales et les conseils municipaux. Cette dernière serait constituée de représentants élus sur des listes transnationales, appliquant ainsi le même principe auquel la Commission européenne conditionne le cofinancement de certains projets européens.
     
  2. D'ici à 2025, cette assemblée constituante laisserait place une constitution démocratique remplaçant les traités actuels avec l'entrée en vigueur de ses délibérations.

« Aucun peuple européen ne peut être libre tant qu’une autre démocratie sur le continent est violée.
Aucun peuple européen ne peut vivre dans la dignité, tant que cette dignité est refusée à d’autres.
Aucun peuple européen ne peut prétendre vivre dans la prospérité, si l’on soumet un autre peuple à la faillite permanente et à la dépression.
Aucun peuple européen ne peut prétendre à la croissance, sans assurer des biens élémentaires à ses citoyens les plus pauvres, sans garantir un développement humain et un équilibre environnemental, sans s’engager à sortir des énergies fossiles, dans un monde qui se doit d’évoluer, pour que le climat de la planète, lui, ne fluctue pas. »