Dans son essai Contre les élections, David Van Reybrouck écrit qu'"il se passe quelque chose de bizarre avec la démocratie : tout le monde semble y aspirer mais personne n'y croit plus." Vincent de Coorebyter se joint à ce constat et revient sur les raisons pour lesquelles la démocratie telle que pratiquée aujourd'hui est forcément décevante : à titre d'individus, nous ne pesons absolument pas sur le système. Si notre voix est comptée, elle ne pèse sur la prise de décision que si elle s'accorde à celle de la majorité. Etant donné l'hétérogénéïté de la structure sociale, l'émergence d'une volonté populaire cohérente relèverait du miracle.

Face aux défauts du système actuel, plusieurs alternatives émergent. David Van Reybrouck propose par exemple un système bi-représentatif combinant un parlement élu et un parlement citoyen tiré au sort. Ceci permettrait de remédier au problème fondamental des élites particratiques, qui semblent gérer la vie politique en fonction des intérêts de leur parti avec des mobiles pré- ou postélectoral. A la place des jeux de pouvoir, des calculs et des rapports de force, l'échange des meilleurs arguments serait à l'origine de la prise des décisions.

D'autres mouvements contestataires qui proposent de repenser la démocratie, comme Nuit Debout et Tout autre Chose en Belgique, émergent. Vincent de Coorebyter craint toutefois que l'ouverture qui caractérise des mouvements finisse par produire son effet pervers, à savoir de rester dans l'indétermination. Ou, à l'inverse, qu'ils se transforment en structure classique, comme ce fut le cas avec Podemos en Espagne.

Aux vues des défis majeurs qui se posent à l'échelle mondiale et qui ne sont pas en voie de résolution, Vincent de Coorebyter va jusqu'à proposer une idée utopique, qui suppose de transposer la démocratie à une échelle "dont les contours défient l'imagination".

Interview complète parue dans Agenda interculturel, n°331, juillet 2016, pages 4-7. Disponible en ligne.