Le budget participatif : un exemple à suivre pour l'Europe ?
Alors que l'Europe accuse une importante crise de légitimité et de participation citoyenne, la pratique du budget participatif explose dans de nombreuses villes en France depuis quelques années, et semble poser les bases d'un renouveau démocratique. Dans sa quête pour l'élaboration d'un processus instituant citoyen, cette pratique peut être inspirante. Un point sur ce qui pourrait servir d'exemple.
Dans un précédent article, POUR LA SOLIDARITÉ - PLS s'interrogeait sur ce qui faisait défaut à l'Europe dans sa quête d'un renouveau démocratique. Au-delà des incohérences et de l'inaction des dirigeants, pointées du doigts par Pierre Calame, d'autres obstacles semblent empêcher l'élaboration d'un processus instituant citoyen qui redonnerait à l'Europe une dimension légitime et démocratique.
Un exemple, très populaire en France et issu de mouvements de gauche de la fin des années 80, consiste en un budget participatif. Pour résumer, il s'agit d'une part du budget d'une collectivité territoriale qui est allouée à la mise en oeuvre de projets issus des citoyen-ne-s eux-mêmes, répondant à un système d'appel à projets. Pour l'heure, la pratique se fait courante dans des villes, plus ou moins grosses, mais l'idée d'en faciliter l'utilisation à une plus grande échelle peut apparaître comme une solution et un outil fiable dans la poursuite de l'objectif de démocratisation cher à l'Europe.
En effet, en laissant aux citoyen-ne-s le choix de définir l'utilisation d'une partie du budget, les villes en question répondent aux mêmes problématiques auxquelles doit faire face l'Europe : garantir un système de gouvernance plus proche des citoyen-ne-s, et renforcer sa légitimité auprès de ceux-ci. Un pari réussi, puisque le nombre de villes pratiquant ceci a doublé en France en 2017.
L'enjeu pour l'Europe serait alors de procurer, au même titre, un pouvoir d'agir concret aux citoyen-ne-s européen-ne-s, ce qui reprend l'idée défendue par Macron de refonder l'Europe sur des initiatives citoyennes. Ainsi, certains points qui, aujourd'hui, semblent poser problème au niveau européen, pourraient être élucidés afin de faire avancer le débat et la mise en place effective d'un nouveau mode de gouvernance. Par exemple, la diversification des profils impliqués dans ces consultations, ou encore les conflits d'intérêt entre sphère nationale et supranationale.
Cette initiative, donc, produit moins d’inégalités de participation politique que les outils de démocratie représentative, mais ces inégalités ne restent pas moins présentes. Cependant, cela pourrait inspirer et instaurer une dynamique en faveur d'un dialogue citoyen à propos de l'Europe, de ses enjeux, et des problématiques à soulever. Affaire à suivre...