Margot Wallström : 5 ans à la tête de la stratégie de communication de la Commission
Vice présidente de la Commission européenne, chargée des relations interinstitutionnelles et de la stratégie de communication, Margot Wallström a opéré une réorganisation de la communication au sein même de la Commission afin de la rendre plus efficace, plus professionnelle, mais aussi plus proche des citoyens, en renforçant les représentations de la Commission et la présence de fonctionnaires chargés de la communication dans les Etats Membres.
Durant les cinq années de son mandat, M. Wallström s’est ainsi attelée à combler les deux principales lacunes de la communication européenne. D'une part, elle a contribué à rendre la communication interinstitutionnelle plus cohérente en initiant la déclaration conjointe du Parlement Européen, du Conseil des Ministres et de la Commission « Communiquer sur l’Europe en partenariat ». Elle déclara à l’occasion de la signature de cette déclaration : «Pour communiquer, il faut anticiper, définir les priorités et travailler en partenariat. (...) Dans le monde d’aujourd’hui, nous ne pouvons pas nous permettre de ne pas collaborer. Il est temps de reconnaître l'importance de relever le défi de la communication sur l'Union européenne par un partenariat entre les États membres et les institutions de l'Union européenne ». Ce document sera renforcé par l'entrée en vigueur du Traité de Lisbonne qui permettra aux trois institutions de parvenir à un accord de coopération contraignant.
D'autre part, elle a réformé le dialogue avec les Etats membres afin que l’Union ne fasse pas uniquement surface dans la vie des citoyens à l’occasion de la célébration de dates clés (50 ans du Traité de Rome, élargissement de l’UE aux anciens pays du bloc soviétique…) ou bien lorsque les Etats attribuent la faute de problèmes nationaux systémiques à la Commission « de Bruxelles ». « Nous avons commencé à faire changer la culture politique : du statut de bouc émissaire nous sommes passés à celui de partenaire, a-t-elle résumé, avant d’avertir que les résultats ne seraient pas visibles avant plusieurs années. »
On peut aussi saluer l’énergie qu’elle a investie pour réagir à la « crise institutionnelle » qui a secoué le projet d’intégration européenne lors des « NON !» aux référendums hollandais et français (2005). Elle a mis en place le plan D (Démocratie, Dialogue, Débat), destiné à renforcer le débat autour de l’avenir de l’Europe. Chaque Etat a été chargé d’organiser des débats autour de grands thèmes (participation des jeunes à l'Europe, élections européennes...) et de rendre des rapports à la Commission sur le résultat de ces consultations populaires, qui ont servi de base à la nouvelle politique de communication.
Malgré tout, la DG Communication a été limitée par l’insuffisance du budget accordé à la réalisation de ses missions. Sur un total de 300 millions d’euros, 88 sont consacrés aux dépenses administratives du service publication, 22 aux publications d’offre de marchés publics et 18 au Journal Officiel. Il reste peu de moyens à consacrer aux actions de communication visant directement le citoyen européen. De plus, le budget communication est réparti entre plusieurs DG comme par exemple la DG Communication ; Liberté, Sécurité et Justice (JLS); Education, Audiovisuel et Culture (EAC)….
A l’issue de son mandat, M. Wallström propose de rassembler les matières relatives à la citoyenneté et d’accompagner cette centralisation de la politique de moyens législatifs et financiers propres. Le nouveau Commissaire bénéficierait ainsi d’une certaine autonomie et marge de manœuvre pour stimuler et soutenir des initiatives visant à réduire le fossé qui se creuse entre citoyens européens et institutions communautaires. Cette fusion entrainerait une diminution de compétences pour d’autres DG telles que la DG EAC, par exemple. Son commissaire, M. Jan Figel a préféré s’abstenir de commenter les déclarations de Wallström. La vice-présidente du Comité Culture et Education du Parlement européen (Helga Trüpel du groupe des Verts/Alliance libre européenne) a apporté son soutien à cette proposition. Plusieurs députés européens marquent leur accord mais notent cependant qu’une telle mesure sera insuffisante pour répondre au manque d’intérêt que les Européens portent aux institutions. Il faudrait plus d’ouverture, en collaborant notamment avec les médias locaux et en organisant des actions qui impliquent les jeunes.
Le président d’EPC, a insisté sur le partenariat qui doit prendre place entre le Parlement européen et les Parlements nationaux. La coopération entre les députés des deux niveaux de pouvoirs doit être renforcée et ces derniers doivent apprendre à travailler de concert, ainsi les préoccupations européennes feront leur entrée dans les parlements nationaux, et vice-versa. Le secrétaire général de la Fondation EurActiv, a déclaré que la communication des institutions s’était professionnalisée mais qu’elle devait être beaucoup plus décentralisée pour augmenter son efficacité. Les citoyens doivent faire l’objet d’une approche plus ciblée, tant au niveau européen qu’au niveau national.
La stratégie de communication de la Commission pour les cinq prochaines années s’attachera à poursuivre le travail entamé par Wallström, autour de trois axes qu’elle avait établis : insister sur les enjeux centraux qui affectent la vie quotidienne des citoyens, encourager la création de réseau de médias européens et l’unification de la communication des institutions européennes. Le mandat de M. Wallström pourrait être prolongé ou modifié car personne ne s’est encore porté candidat à sa succession pour cette délicate mission.