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Nominations de Van Rompuy et Ashton : la fin du casse-tête européen

Herman Van Rompuy, 62 ans, a été élu au poste de président du Conseil européen pour 2 ans et demie, renouvelable une fois à compter du 1er décembre 2009. Il est chargé de présider et d’animer les travaux du Conseil et représentera l’Union européenne sur la scène internationale. 

Un président pour l'Europe

Le choix du candidat idéal à ce poste a fait l’objet d’une bataille de plusieurs mois entre quatre candidats : 

  1. L’ex-présidente de la Lettonie, Vaira Vike-Freiberg, scientifique, parfaitement polyglotte;
  2. Le premier ministre du Luxembourg, Jean-Claude Juncker, vieux routier du circuit européen;
  3. L’ex-premier ministre de la Grande-Bretagne, Tony Blair, pressenti depuis plusieurs mois;
  4. Le premier ministre de la Belgique, Herman Van Rompuy, soutenu par l’axe Paris-Berlin.

Les Européens ont porté peu d’intérêt à l’attribution de ces deux postes. Il faut dire que, dans les dernières semaines avant la nomination officielle, le suspens était relativement faible, la « nomination de Van Rompuy était en effet attendue, aucun Etat membre n’ayant de préventions majeures à son endroit ». De plus, le positionnement fédéraliste de Van Rompuy a joué en sa faveur. 

Le poste de président du Conseil européen a été créé par le Traité de Lisbonne (article 15 du TUE), qui est entré en vigueur le 1er décembre 2009. Ce traité consacre le Conseil européen comme une institution soumise à l’autorité de la CJCE qui peut voter et adopter des décisions. La nomination d’un président accompagne la clarification de son statut. Ce poste doit garantir l’efficacité du Conseil européen en assurant la préparation et la continuité des travaux en coopération avec le Président de la Commission et sur base des travaux du Conseil  des Affaires Générales et relations extérieures du Conseil de l’UE. Il présidera les travaux du Conseil de sorte à faciliter les négotiations entre les 27 Etats membres. Il a aussi un rôle de représentation de l’Union européenne sur la scène internationale pour la Politiqué étrangère et de sécurité commune (PESC). 

Le poste de Van Rompuy n’est en rien synonyme de chef d’Etat européen, il n’aura pas de pouvoir décisionnel défini, mais seulement un rôle de gestionnaire. Il n’est pas encore claire comment les tâches seront réparties entre le Président du Conseil et le Haut représentant, ainsi qu’entre le président du Conseil et le pays qui a la présidence semestrielle du Conseil de l’Union européenne. Cependant le Président ne se substitue pas au Conseil, ainsi il n’a pas de droit de vote et lors des rencontres politiques avec des Etats étrangers, le Haut représentant à la PESC sera la personne de référence. 

Sa nomination illustre bien le paradoxe du choix de ce candidat ; il ne s’est pas proposé au poste. Il est doué en diplomatie et en négociation mais ne dispose d’aucune expérience européenne et n’était pas connu en dehors des frontières de la Belgique - son manque de charisme n’y étant pas étranger. Peut être le signe qu’on attend de lui un rôle de modérateur plutôt que de leader ? Selon le politologue Jean-Michel De Waele, de l'Université libre de Bruxelles, « L'Europe est dans une phase où elle a besoin de gestionnaires, pas de visionnaires », elle a besoin d’affirmer ses positions politiques, de défendre ses valeurs et  non pas de défendre une nouvelle politique. 

Ce poste (ainsi que celui de Catherine Ashton) complète celui des présidences tournantes (tous les 6 mois) du Conseil de l’Union européenne et permet de personnifier durablement la mégastructure européenne impersonnelle, tant à l’intérieur de ses frontières qu’à l’extérieur. 

Une Haute représentante de l’Union pour les affaires étrangères

La Britannique Catherine Ashton a quitté son poste de commissaire au commerce pour le poste de Haut représentant  de l’Union pour les affaires étrangères et vice-présidente de la Commission. Le scénario autour de sa nomination pose les mêmes questions que celles posées autour de celle de Van Rompuy. Elle a peu d’expérience en diplomatie et n’était pas à l’origine pressentie pour ce poste mais l’attribution de ce poste permettait de maintenir un lien fort entre l’Angleterre et l’UE et ainsi d’éviter son éloignement progressif due à une série d’opting-out. De plus, la Grande-Bretagne était plutôt réticente à la création de ce poste, la voilà concernée au premier plan. Ce nouveau poste opère la fusion entre les fonctions de haut représentant de l'Union européenne qui était occupé par Javier Solana et celles du commissaire aux Relations extérieures, occupé par Benita Ferrero Waldner. Elle conduira la politique étrangère et de sécurité commune de l’Union. Le périmètre de son action et son statut restent toutefois encore en grande partie à définir, le traité ne les précisant pas. 

PLS espère que ces nouvelles fonctions contribueront à rendre le projet européen plus lisible malgré la faible popularité de l’ancien premier ministre belge et de l’ancienne commissaire au commerce. L’Union européenne possède enfin un instrument privilégié pour faire entendre une voix unie.

 

Pays: 

Union Européenne

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