Dissolution des Soulèvements de la Terre : jusqu'où ira la répression de la société civile ?
Le 21 juin, le collectif écologiste Les Soulèvements de la Terre a été dissous en conseil des ministres français. Cette nouvelle réduction de l’espace de la société civile contraste avec l’inaction climatique gouvernementale !
Le décret de dissolution du collectif précise qu’ « aucune cause ne justifie les agissements particulièrement nombreux et violents auxquels appelle et provoque ce groupement ». Il dénonce des actions de destruction de biens, des capacités de mobilisation trop importantes avec des comptes sur les réseaux sociaux contenant des millions d’abonné·e·s, et des violences commises par « 800 à 1000 militant·e·s radicaux·ales ». Qu’en est-il de la violence de l’Etat, dans son inaction climatique et dans sa répression des mouvements de la société civile qui s’emparent de l’enjeu ?
Face à cette dissolution autoritaire de l’Etat français, Les Soulèvements de la Terre ont fait un recours devant le Conseil d’Etat, pour que la liberté d’association et la liberté d’expression soient respectées. Le collectif prône qu’on ne peut pas dissoudre un soulèvement dont se revendiquent plus de 120 000 personnes et qui rassemble 170 comités locaux, des paysan·ne·s, des habitant·e·s, des jeunes, qui veulent seulement faire cesser le ravage climaticide. Mais malheureusement, ce n’est pas l’objectif des gouvernements actuels, qui mettent tout en œuvre pour préserver le modèle existant.
La France s’inscrit avec cette dissolution dans un mouvement général de répression accrue des militant·e·s écologistes les plus radicaux·ales. En Allemagne, une quinzaine de perquisitions visant des membres du collectif Letzte Generation, militant pour alerter sur l’urgence climatique avec des blocages et des actions dans les musées, ont été menées en mai dernier. Au Royaume-Uni, en avril 2023, deux activistes de Just Stop Oil, Morgan Trowland et Marcus Decker, ont écopé de 3 ans et 2 ans et sept mois de prison pour leur participation au blocage d’un pont londonien en octobre 2022.
Cette gradation de la violence de certains État membre de l'Union européenne pour décourager les mouvements écologistes va à l’encontre du message du Secrétaire Général des Nations Unies, Antonio Guterres. Ce dernier souligne le rôle indispensable de la société civile et la nécessité de se réveiller et d’accélérer l’action climatique, et se désole du manque d’ambition, de soutien et de coopération pour faire face à cet enjeu.
En savoir plus:
L'article de Novethic
L'article de Reporterre sur les SLT
L'article sur la répression en Europe
Photos de Markus Spiske et de Kindel Media