Drame humanitaire à la Ghouta ; le silence gênant de l'Occident
Abandonnée à son sort depuis le lancement d'une opération russo-syrienne, la province de la Ghouta, en Syrie, est le théâtre d'un véritable drame humanitaire. Les armées des deux pays s'attachent à réduire le bastion rebelle à néant, au-delà de toute logique de droit, sous la passivité consternante des grandes puissances.
En seulement 72 heures, plus de 280 civil-e-s, habitant-e-s de la province de la Ghouta, ont été tué-e-s par les frappes aériennes de l'armée syrienne de Bachar al Assad soutenue par l'armée russe. De véritables scènes de guerre, décrites par des locaux : riverains, médecins, civils, ce qui montre l'étendue du carnage à sens unique orchestré par le régime. Après la chute d'Alep, grand bastion rebelle du pays, en décembre 2016, les citoyen-ne-s tout comme la communauté internationale craignent que le scénario se répète et donne lieu à un nouveau drame humanitaire. Les pratiques sont en effet proches de celles définies dans des crimes de guerre, siège, massacres, certains parlant même de nettoyage ethnique, et incluant de nombreux civils.
Un accord international impliquant la Russie et l'Iran d'une part, et la Turquie de l'autre, destiné à garantir la stabilité et la désescalade des violences dans la région, avait pourtant été signé en septembre 2017. Or, les promesses brisées, aucune nouvelle réaction internationale ne permet d'envisager des solutions pour le moment. Au contraire, les grandes puissances occidentales semblent briller par leur désintérêt, volontaire ou simulé.
En dépit des nombreux appels à l'aide lancés à la communauté internationale, via le réseaux sociaux ou la diffusion d'informations, personne ne semble décidé à prendre parti et à s'engager véritablement dans la recherche d'un processus de paix. Le responsable de l’opposition syrienne aux négociations de paix à Genève, qui était le mardi 20 février en visite à Bruxelles pour rencontrer Federica Mogherini, la cheffe de la diplomatie européenne, déplore ce manque d'implication. Il a rappelé les différentes actions menées par le régime dans la province, avant de déclarer que "ce qui se passe à la Ghouta est un crime de guerre. Le droit international condamne ce genre de pratiques, mais en Syrie, le droit international ne s’applique pas.".
Ainsi, lorsque le droit international est questionné de la sorte, nous devons exiger une réaction digne de ce nom de la part de la communauté internationale. Les puissances occidentales, l'Union européenne et les États-unis notamment, ont simplement exprimé de "profonds regrets et inquiétudes" concernant ce qui se passe en Syrie. C'est le cas également du secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres. Des bons sentiments, certes, mais dont l'impact en termes d'actions ne laisse présager aucune solution.
Jean-Yves le Drian, le ministre français des Affaires étrangères semble un peu plus proactif et devant l'Assemblée, a fortement dénoncé la situation et a mis en garde contre un "cataclysme humanitaire" auquel serait confrontées la France, l'Europe et toute la communauté internationale en l'absence d'une plus forte réaction. La solution ne peut cependant pas venir d'un seul État. En effet, le nombre et l'importance des acteurs impliqués (Russie, Iran, Turquie...) laisse présager qu'une action collective, déterminée et unie doit être envisagée pour mettre un terme aux atrocités du régime syrien. Il est peut-être encore temps pour les nations d'Europe de s'unir sous la bannière pacifiste de l'Union européenne, pour agir effectivement, et éviter que "le pire" qui est annoncé devant nous ne se réalise.