Parlement de Budapest

LGBTQIA+ : la Hongrie plus isolée que jamais sur la scène européenne

Vendredi, 2 Juillet 2021

La Commission européenne menace la Hongrie de procédures judiciaires si elle n’accepte pas de revenir sur son projet de loi d’interdiction de promotion de l’homosexualité, suite à la pression des autres États membres. Viktor Orban a réagi en dénonçant le « diktat » idéologique que ses partenaires européens veulent lui imposer.

C’est un véritable bras de fer qui se joue entre l’Europe libérale et l’illibéraliste Viktor Orban. À l’issue du sommet européen des 24 et 25 juin, les États membres ont condamné à la « quasi-unanimité » la loi hongroise visant à interdire la promotion de l’homosexualité. Seules la Pologne et la Slovénie, qui va assurer la nouvelle présidence tournante de l’Union et dont les vues s’alignent progressivement avec celles de la Hongrie, n’ont pas participé à la fronde.

La loi de trop

Mardi 22 juin, à l’initiative de la Belgique et de sa ministre Sophie Wilmès, treize États membres ont signé une déclaration commune condamnant le projet hongrois, qui « représente une forme flagrante de discrimination fondée sur l’orientation, l’identité et l’expression sexuelles et mérite donc d’être condamnée. ». Mercredi 23 juin, Ursula Von der Leyen, présidente de la Commission européenne, est sortie de sa réserve en déclarant que ce texte de loi était « une honte » qui « va à l’encontre des valeurs fondamentales de l’Union européenne ». Durant ces deux jours, l’UEFA refusait que Munich illumine son stade aux couleurs LGBTQIA+ tandis que le Parlement belge issait le drapeau arc-en-ciel.

Jeudi 24 et vendredi 25 juin s’est tenue une réunion du Conseil européen, réunissant les chefs d’État des 27 pays de l’Union. Au menu : Covid, immigration, plan de relance, relations avec l’Éthiopie, la Turquie, la Russie… Et la Hongrie. Malgré la défense de Viktor Orban dans les médias, qui assurait avoir toujours défendu les homosexuel·le·s et que sa loi ne visait qu’à réglementer l’éducation sexuelle des enfants pour les protéger, la question n’a pu éviter d’être débattue. Alexander De Croo, Premier ministre belge, rapporte que Xavier Bettel, Premier ministre luxembourgeois marié à un autre homme, s’était senti « vexé » par les positions hongroises lors de ces discussions. À l’issue du Sommet, la Commission a envoyé une lettre d’avertissement formelle à la Hongrie.

La Commission veut « défendre les valeurs » de l’Union européenne

Mercredi 30 juin. Bruxelles envoie un nouvel avertissement : si la Hongrie ne revient pas sur son texte de loi, l’Union devra prendre des mesures. Bien que la Commission se soit dotée en début d’année d’un nouveau mécanisme pour ce genre de situation, liant l’octroi de fonds européens au respect de l’État de droit et des valeurs communes, elle ne pourra pas l’utiliser. Cet outil n’est pas en application car il doit encore être examiné par la Cour de justice de l’UE, suite à un recours de Budapest et de Varsovie. En attendant, si la Hongrie ne répond pas à la lettre de Bruxelles, une action en justice devant la Cour européenne pourrait être lancée et aboutir à une condamnation et à des sanctions financières.

Le même jour, lors d’un déplacement en Pologne, Viktor Orban réagissait : ils ne peuvent accepter que d’autres pays membres leur disent comment élever les enfants hongrois. « On ne peut pas accepter qu’un pays quelconque de l’UE nous dise qu’il faut mettre à genoux un des pays du groupe de Visegrad. Il faut mettre un terme à ce diktat. ». Il faisait ainsi référence à une phrase de Mark Rutte, Premier ministre néerlandais, qui avait affirmé lors du Sommet vouloir « faire plier » la Hongrie sur cet enjeu. La bataille pour les droits et les libertés fait rage en Europe.