Présidence tournante de l'UE_la question de la Hongrie et de la Pologne

Quel futur pour la présidence tournante de l’Union européenne ?

Lundi, 26 Juin 2023

Le 1er juillet, l’Espagne succèdera à la Suède à la présidence de l’Union européenne (UE). Puis viendra le tour de la Belgique, de la Hongrie et de la Pologne. Si présider le Conseil de l’UE pendant six mois est un exercice très attendu des états membres pour s’illustrer sur la scène internationale, quels en sont les impacts pour la politique de l'UE ?

Les ministres de l'Etat à la tête de la présidence tournante de l’UE ont pour mission de diriger toutes les réunions des Conseils des ministres, sauf celles du Conseil des affaires étrangères et du Conseil européen. Leur six mois de présidence est alors un moment où la politique intérieure du pays aux manettes de l’UE est reléguée au second plan, pour mettre en valeur l’Europe sur la scène politique mondiale. 

Cependant, il est difficile d’assurer une présidence efficace par un pays sans risquer d’affaiblir l’unité de l’UE et sa réputation d’une part, ni la continuité de sa politique intérieure d’autre part. Prenons le cas de l’Espagne, qui occupera la présidence à partir du 1er juillet : la défaite du parti socialiste aux élections locales et régionales a affaibli le gouvernement, le premier ministre Pedro Sanchez a dissolu le Parlement et a annoncé les prochaines élections législatives générales au 23 juillet, au lieu de fin 2023, date à laquelle elles auraient moins impactées le fonctionnement de l’UE. L’Espagne devra ainsi assurer la présidence de l’UE, alors qu’elle sera surtout préoccupée par la campagne électorale. Les résultats du scrutin de l'élection législative anticipée risquent d'amener l'Espagne à continuer son virage à droite. Nous espérons que durant son premier mois de présidence le pays ne s'éloigne pas trop des priorités politiques définies avec son trio (Espagne, Belgique, Hongrie).  

Puis ce sera au tour de la Belgique, pays doté d’une forte expérience en matière de chutes de gouvernements et de longues négociations sur leur composition. Durant sa présidence, auront lieu les élections européennes, et en parallèle les élections législatives, régionales et locales en Belgique, qui seront susceptibles de compliquer son passage à la tête de l’UE.

Mais les interrogations les plus lourdes pèsent sur la Hongrie et la Pologne, qui assureront respectivement les présidence du second semestre 2024 et du premier semestre 2025. La Hongrie, qui bloque ou fait durer les décisions de l’UE sur les sanctions contre la Russie, et qui est accusée par Bruxelles de violation de l’Etat de droit, peut-elle faire une bonne présidente du Conseil de l’UE ? Peut-elle piloter les pourparlers et les réunions sur l’adoption, la prolongation ou la suppression des sanctions contre la Russie en restant neutre ? Le Parlement européen en doute, c’est pourquoi il a proposé de priver la Hongrie de la présidence tournante. Mais les bases juridiques d’un tel scénario sont questionnées, d’autant que même en sautant le tour de la Hongrie, c’est à la Pologne de prendre la suite, pays accusé d’infraction à l’Etat de droit et à l’indépendance de la justice. Il y a de quoi s’interroger sur la suite de la présidence de l’Union Européenne
 

Thématiques: