Qu'est-ce que la justice climatique ?
Le changement climatique est l'un des principaux défis auquel le monde est confronté. Les causes et conséquences sont principalement liées aux émissions de gaz à effet de serre issues des activités économiques humaines, mais aussi à l’origine de profondes injustices. Dès lors, lutter contre les changements climatiques et les injustices qui les accompagnent se révèle inévitable, et ce, sur tous les plans.
Le Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat (GIEC) a identifié, lors de son rapport de 2014, les principaux risques ainsi que les principales zones et activités touchées par le changement climatique. Celui-ci démontre notamment les impacts disproportionnés sur les pays et populations les plus pauvres, où les plus responsables sont les moins vulnérables, et inversement. Cette injustice se reflète à toutes les échelles géographiques, ce qui a entraîné l’émergence d’un mouvement international pour la justice climatique.
Le développement d’un mouvement citoyen international
Le mouvement pour la justice climatique est émergent et a débuté dès la fin des années 1990. Depuis 1992 et le sommet de Rio pour le climat, des négociations internationales pour le climat ont lieu chaque année lors d’un sommet organisé par les Nations Unies. Cependant, ces sommets n’ayant eu qu'un faible impact, la société civile s'est organisée à travers plusieurs organismes tels que les ONGs Greenpeace, WWF, les Amis de la Terre afin de se constituer en un réseau, le Climate Action Network (CAN) et pouvoir participer aux négociations internationales. La scène internationale alternative se voit par la suite recomposée avec l’émergence d’acteurs des pays du Sud tels qu'Indigenous Environmental Network, Third World Network, Via Campesina. En 2002, avec la tenue d’un contre-sommet à New Delhi, les organisations présentes y définissent 27 principes pour une justice climatique dont les 3 essentiels à retenir sont la reconnaissance d’une dette écologique (des pays industrialisés envers les pays en développement), le respect des droits territoriaux des peuples autochtones et la citoyenneté environnementale.
Une coalition internationale alternative au CAN se crée en 2007 sous le nom de Climate Justice Now ! dont la mission est de porter sur la scène des négociations internationales les préoccupations des citoyens, notamment du Sud, pour une justice climatique. Ce réseau est aujourd’hui reconnu au même titre que le CAN, et participe donc aux négociations climatiques.
Des luttes ancrées à l’échelle locale
Ces formes d’organisation, d’action, d’opposition, agissent à des échelles différentes et s’inscrivent dans une participation politique, soit en intervenant auprès du pouvoir institutionnel, soit en créant de nouvelles arènes politiques. On peut observer trois dynamiques citoyennes dans le mouvement pour la justice climatique:
- Les luttes locales contre des pratiques et infrastructures dévastatrices, avec dans certains cas des expérimentations de modes de vie et de processus politiques alternatifs (ZAD, mobilisations des populations autochtones…).
- Les expériences collectives locales matérialisées en collectifs ou associations et qui pratiquent l’habitat participatif, du réemploi de matériaux.. Celles-ci ont une dimension de coopération sociale forte.
- Les actions à une échelle plus large, souvent nationale, d’ONGs ou collectifs. Les actions visent alors à sensibiliser l’opinion et/ou à agir directement sur le plan politique (mobilisations de masse ou les recours en justice...)
Les contributions en faveur d’une justice climatique
Les apports du mouvement pour la justice climatique sont nombreux et variés :
- Mise en évidence des impacts négatifs disproportionnés sur les populations déjà opprimées, vulnérables et marginalisées sur le plan politique.
- Mise en évidence des racines conjointes des crises écologique et sociale, et donc de l’impossibilité de régler l’une au détriment de l’autre.
- Proposition d’un renouvellement des structures de pouvoir plaçant la justice sociale et la lutte contre les changements climatiques au centre de ses préoccupations.
- Mise en évidence de l’articulation des dominations (intersectionnalité), et importance de les combattre au sein même des mouvements climat.
- Constante mise en relation entre le local et le global, et la promotion d’alternatives à globaliser qui tiennent compte des principes de la justice climatique.
En agissant à petite et grande échelle, le mouvement pour la justice climatique permet de faire remonter les expériences citoyennes qui portent les principes sur la base desquels construire un monde juste et durable.